Châteaux et moulin

LE CHATEAU DE VIGOUSSET


Vigousset est cité précocement, à propos de la Via regia qui, au Xème siècle, reliait ce lieu à Bois-Sainte-Marie. Il appartenait à la châtellenie de Bois-Sainte-Marie qui constituait à l’époque féodale le noyau territorial de la famille des Le Blanc, vicomtes de Mâcon.

Cette terre semble avoir donné son nom à une famille féodale. En 1325, Bernard de Vigousset est du nombre des seigneurs qui ont usurpé la juridiction royale sur leurs terres ; Philibert de Vigousset, seigneur de La Chapelle et du Mont de Mars (Saint-Bonnet-de-Joux) en 1576,  pour frères Claude et Benoît ; il teste le 3 Juillet 1607 avec sa femme, Benoîte Berthelot, ne laissant que des filles, auxquelles il lègue ses domaines de Vicellar (Vicelaire) et du Tronchat, sur la paroisse de Montmélard.

Vigousset était tenu en 1571, par Jean Arod, écuyer, dont la famille est d’origine inconnue. Le blason de la tour carrée du château, chargé de trois étoiles à cinq branches en chef, est assez voisin du blason d’une branche dauphinoise (Armorial du Dauphiné) à cette différence près qu’une bande y remplace la fasce horizontale. Cet écart ne permet pas d’attribuer formellement l’édification du château à Jean Arod.

En 1586, Claude Vauzelle, homme d’armes de la compagnie du duc de Guise, est seigneur de Vigousset ; il teste le 4 août 1587, en faveur de sa fille unique Vivante ou, à son défaut, de sa femme, Philibert de Bersac. Vivante épousera successivement : Anastase du Petit-Bois, citée en 1616 ; Claude de Samion cité en 1624 ; Philibert de la Roche-Gayand cité de 1629 à 1640 ; mais elle laissera Vigousset à aucune de ces trois familles. Elle fait en effet donation de ses biens, le 23 Décembre 1640, à Mayse de La Salle, fils mineur de Guillaume de La Salle, seigneur de Genouilly et Amarante, gouverneur du Roannais, et de Claire de Nompère, sa sœur utérine ; ses héritiers conserveront Vigousset jusqu’en 1798.

Jean-Claude de La Salle, écuyer, fils ainé en secondes noces de Mayse de La Salle, est élu à la Noblesse à Mâcon en 1715 ; déjà seigneur de Vigousset en 1709, il reprend de fief, cette même année, le 9 Juillet, pour Lavau (paroisse de Gibles) ; il épouse Jeanne Bauderon de Senecé, et leur fille, Marguerite-Marie, héritera de son frère Claude-Antoine, mort sans postérité, et de son oncle Antoine, frère de Jean-Claude. Elle deviendra de ce fait, dame de Vigousset. Mariée à F. Marque de La Salle, seigneur de Poncy, elle transmettra cet héritage à son fils, Joseph-Marie de La Salle ; absent à l’Assemblée en 1789, il obtint, le 12 Février 1798, d’être rayé de la liste des émigrés ; réintégré dans ses biens, il les alinéa en faveur de Louis Laroche, de Montmélard, dont le petit-fils Jean-Benoît, fut héritier de Vigousset en 1823. Le propriétaire actuel est apparenté à cette dernière famille.

Le château de Vigousset fut restauré en 1887 ; à cette date doit se rapporter la démolition d’une tour ronde le plan du cadastre de 1817 montre clairement ces anciennes dispositions.

(historique du château écrit par Monique Loison dans le bulletin municipal n° 6 de 2001)

LE CHATEAU DE VILLARS


Le château de Villars date du XVème et XVIème siècle.

La seigneurie de Villard était tenue, au début du XVIème siècle, par Guillaume de Mazille, seigneur de Vaubresson, à Gibles, décédé vers 1510. La famille de Mazille, d’origine mâconnaise et depuis longtemps éteinte, forma deux branches : les seigneurs de Vaubresson et les seigneurs de Villard et Cloudeau qui pendant plus d’un siècle, ne ménagèrent guère leurs voisins et rivaux du Terreau (commune de Vérosvres). L’un de ceux-ci, Pierre Le Roux, fut même assassiné par Nazaire et Antoine de Mazille, en 1727.

Claude Mazille est inscrit, en 1560, au rôle des “possédants fiefs”, pour Vaubresson (paroisse de Gibles) et Villers (Villard, paroisse de Montmelard). Son fils, Hugues, eut Villard en 1595. Mais trois ans plus tard, intervint une séparation de biens entre lui et sa femme, Claudine de Sivry, acte qui engendra de nombreuses contestations familiales : leur fille Claudine de Mazille, ayant épousé Claude Alixant, ce dernier fit saisir la terre de Villard sur Hugues de Mazille en 1617, pour 4 500 livres ; François Alixant, seigneur de Diombe, ayant racheté Villard, Antoinette de Mazille fait à son tour saisir la terre comme créancière d’Hugues de Mazille.

Après ces différends familiaux, les terres et le château de Villard passèrent à Jacques de l’Orme, écuyer, époux d’Huguette Alixant, en 1645. Le 27 Mai 1675, Marguerite Chapuys, veuve d’Henri Barthelot, seigneur d’Ozenay, acquérait la seigneurie sur Huguette Alixant, veuve et héritière de Jacques de l’Orme, par décret de baillage de Mâcon et pour le prix de 23 500 livres. Elle représentait le fief le 19 Janvier 1682.

Une transaction passée entre François-Laurent Barthelot, écuyer, seigneur d’Ozenay et Gratay, et Philibert Bernard, écuyer, porta Villard à la famille Bernard de La Vernette. Reprise de fief et dénombrement pour La Vernette (Leynes) et Villard (Montmelard) le 13 Juin et 17 Décembre 1722. Villard et Cloudeau viendront par héritage direct à Claude-Philibert Bernard de La Vernette, chevalier de Saint Louis, lieutenant du Roi de la ville de Mâcon, époux de Charlotte de La Bletonnière (reprise de fief du 27 Juin 1766), puis à Jacques Antoine Bernard de La Vernette, qui fut député aux Etats de la Noblesse en 1789. N’ayant pas émigré, il conserva Villard et mourut à Montmelard en 1798.

En 1817, selon la matrice cadastrale, le château était devenu, la propriété de la famille Vallory-Devillard qui, selon toute vraisemblance l’avait acquis des La Vernette. Au début de ce siècle, il était passé à la famille de La Guiche.

Il appartient aujourd’hui à la famille De Rambuteau.

Selon un procès-verbal de Visite pastorale, en date du 14 Septembre 1691, “le château de Villers” était pourvue d’une chapelle particulière.

(historique selon les archives départementales de Saône et Loire, article donné par Jean Chevalier, Maire, paru sur le bulletin municipal n° 3 de 1998).

HISTOIRE DU MOULIN DE VIGOUSSET


Le Moulin de Vigousset a sans doute ses origines à l’époque féodale. Son histoire est liée à celle du château voisin. Jusqu’à la Révolution de 1789, il faisait partie des propriétés des différentes familles de Seigneurs qui détenaient celui-ci.

Tout porte à supposer que la construction de ce château, du barrage de l’étang du moulin et des différents bâtiments comprenant moulin, huilerie scierie a été réalisée au moment où l’Abbaye de Cluny était en pleine expansion. A cette époque chaque Seigneur possédait son moulin, sa scierie et même son four. D’après d’anciens documents, Montmelard avait quatre châteaux et trois moulins…

Dans un livre retraçant l’historique de la forteresse qui existait sur la montagne de Dun et qui fut détruite par Philippe Auguste au Xème siècle, il est fait état d’une carte du diocèse de Mâcon du Xème au XIIIème siècle, on y découvre le nom de Vigousset avec un astérisque. Ce dernier indiquait le lieu d’un château fort patronné par l’Abbaye du Cluny. Sur ce livre on peut également relever le passage suivant : « Le Seigneur du Comté de Semur en Brionnais surnommé LEBLANC, en 984, lui et son fils ARTAUD, donnent à Cluny, la chapelle « Santa Maria » de Montmelard avec ses revenus et ses terres situées aux villages de Nurux et Charnay. 

En 1037, est mentionné « un sieur ARCHIMBAUD avec le titre de Vicomte qui confirme une donation par son père ARTAUD et grand père HUGHES, donation sus nommée et en plus y serait adjointe celle d’un domaine situé à Vigousset, donation qui a été une condition avant de partir pour une croisade à Jérusalem ». C’est d’ailleurs à cette époque que fut fondé un monastère au sommet de la montagne de St Cyr, par ARTAUD et MERANDE. Celui-ci fut détruit par les Calvinistes au moment des guerres de religion en 1572.

Depuis le Xème siècle jusqu’à la Révolution de 1789, nous n’avons pas trouvé de documents sur la vie du moulin. Les dernières familles de Seigneurs furent les DE VAUZELLE et DE LA SALLE. Après 1789, le domaine est devenu « propriété d’Etat », puis vendu aux enchères et acquis en grande partie par la famille LAROCHE.

En 1884, Benoît DESGEORGES, issu d’une dynastie de meuniers, originaire d’Ozolles, achète le moulin après avoir effectué un tour de France comme ouvrier–meunier.  L’acquisition comprend l’étang et le bâtiment en dessous de l’étang où était installé à l’époque, le moulin à blé avec une paire de meules et une huilerie avec sa meule verticale.

Plus bas, à environ 300 mètres, se trouvait un petit bâtiment avec une paire de meules pour la mouture des céréales destinées au bétail. La chute d’eau n’était que de 2.50 m. Elle fut portée à 5 m. Un bâtiment neuf avec deux paires de meules fut construit ainsi qu’une habitation. Selon les plans du propriétaire lui-même, une machine à vapeur permettant d’actionner le moulin en cas de débit d’eau insuffisant, fut également installée. Il avait encore d’autres projets de modernisation mais à 38 ans, il fut terrassé par une pneumonie. Pendant sept ans, avec un ouvrier-meunier, sa veuve assura tant bien que mal, l’exploitation du moulin.

Son fils, Claude-Marie, partit à 13 ans faire son apprentissage chez un oncle, meunier à Cloudeau (Ozolles). A 16 ans, il revint à Vigousset et reprit le moulin. Il remplaça la chaudière à vapeur par un moteur à essence en 1912. Puis en 1914 éclata la guerre et le moulin fût arrêté jusqu’en 1919. Cette fermeture prolongée, fût néfaste pour son activité.

En 1934, un de ses fils, Alexis aide à l’exploitation de celui-ci, puis le transforme en moulin à cylindres, un moteur électrique sert de force motrice d’appoint. Jusqu’en 1860, une roue hydraulique à augets actionne le moulin lorsqu’il y a assez d’eau. Le massif en maçonnerie qui le soutenait menaçant de s’écrouler, elle est détruite et remplacée par une turbine.

La mouture du blé fut complètement arrêtée fin juillet 1969 et les moutures pour le bétail en juillet 1971.En raison du dépeuplement des campagnes, de la suppression des 2/3 des exploitations agricoles, du changement de mode d’élevage ainsi que de la nécessité de gros travaux de réparation, le moulin cessa tout fonctionnement en 1978.

Le propriétaire actuel, Mr LEU en a fait sa résidence secondaire et s’est investi d’une mission : restaurer le moulin. C’est ainsi que l’été dernier, la hauteur d’eau exceptionnelle aidant, on a pu entendre à nouveau battre le cœur du moulin. Quelques réparations sont encore nécessaires pour que tous les rouages fonctionnent à nouveau. Gageons que ce sera chose faite l’été prochain et que le moulin de Vigousset n’aura pas dit son dernier mot. La veste du meunier est encore pendue à sa place, à côté de la porte sur laquelle figure nombre d’additions faisant office de factures à l’époque.

Ainsi s’achève notre voyage dans le temps, grâce à Colette DESGEORGES épouse MICHAUD, fille du dernier meunier, que nous remercions d’avoir bien voulu nous transmettre le fruit de ses recherches.